Recommandations de l’UEE l’occasion de la journée internationale de l’éducation

Recommandations de l’union des étudiants exilés pour le gouvernement français

A l’occasion de la journée internationale de l’éducation

Le droit des exilés à accéder à l’éducation est encore très faible. Tandis que le nombre de réfugiés dans le monde s’élève à environ 26 millions, seulement 3 % d’entre eux ont accès à l’enseignement supérieur, même si les jeunes représentent 61 %, selon le rapport du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés publié en 2019.

L’union des étudiants exilés pense que le droit à un accès véritable à l’enseignement supérieur doit être considéré comme un droit de l’homme fondamental, et cet accès doit être accordé indépendamment de la situation juridique et administrative de la personne exilée ; qu’il s’agisse d’un demandeur d’asile, d’un réfugié, d’une personne sous protection subsidiaire ou sans papiers.

 

L’UEE présente dans ce document un ensemble de demandes adressées aux responsables du gouvernement et des rectorats des établissements d’enseignement supérieur, afin qu’elles soient prises en considération

 

I. Le droit d’accès à l’éducation supérieure :

Les exilés sont confrontés à de nombreux obstacles, dont l’apprentissage de la langue, la reconnaissance des diplômes, la non-Gratuité de l’éducation, surtout dans certains cas administratifs, qui limitent leur accès à l’éducation en France. Nous invitons les établissements d’enseignement supérieur à assumer leurs responsabilités afin de donner aux exilés la possibilité et l’occasion d’avoir un accès véritable et réel à l’enseignement de haut niveau.

Pour garantir un meilleur accès à l’éducation, nous demandons aux responsables et aux établissements d’enseignement supérieur français :

  • Tous les exilés sans exception, indépendamment de leur situation administrative, doivent avoir un accès véritable et réel à l’éducation à tous les niveaux et sans discrimination.
  • Les établissements d’enseignement doivent répondre aux différents besoins des étudiants exilés pour faciliter leur insertion dans la vie étudiante, garantir leur réussite et leur donner les moyens et les outils de travail, ainsi que la possibilité pouvoir faire concurrence sur le marché du travail. Pour cela, les établissements d’enseignement supérieur doivent fournir des cours supplémentaires aux étudiants exilés comme par exemple : des cours de renforcement de langue et de méthodologie applicable dans la discipline, des cours de soutien pour les matières fondamentales enseignées dans ces établissements.
  • Donner à l’étudiant exilé, en particulier dans l’enseignement secondaire, la liberté de choisir la section qu’il veut étudier, sans que l’enseignement professionnel ou technique soit imposé en fonction des besoins du marché du travail en France.
  • Le processus de reconnaissance des diplômes obtenus par l’exilé dans son pays d’origine doit être garanti, transparent et gratuit pour tous les exilés, quelle que soit leur situation administrative et des solutions doivent être mises en place en cas d’incapacité des exilés à présenter ces documents.
  • La direction des établissements d’enseignement doit travailler avec les exilés pour connaître de près les défis auxquels ils sont confrontés, mettre au point des solutions et enlever les obstacles rencontrés par ce public.
  • Affirmer l’égalité absolue entre les étudiants français et les exilés, quelle que soit leur situation administrative, en ce qui concerne les frais d’inscription.
  • L’ouverture des syndicats et des associations étudiantes aux exilés et la possibilité de travailler ensemble pour créer des programmes et des revendications qui soutiennent les droits des étudiants exilés et leur intégration dans la vie étudiante.

 

II. Les législations :

La législation actuelle sur l’immigration et l’asile a souvent pour conséquence la marginalisation des exilés et encourage la discrimination dans les établissements d’enseignement supérieur contre eux.

Par conséquent, nous pensons qu’il est essentiel que la législation garantisse une intégration efficace et digne aux exilés dans le système éducatif.

C’est pourquoi nous demandons de :

  • Faire de l’intégration sociale des personnes exilés une priorité du système éducatif et d’autres systèmes sociaux. L’État français doit réduire les mesures bureaucratiques imposées à ce public.
  • Créer et améliorer l’accès des exilés à l’information sur le système de l’enseignement supérieur. L’État français doit garantir ce droit dans la langue maternelle de l’exilé, et ce, dès la dépose de sa demande l’asile.
  • L’État français doit permettre la participation des exilés à l’élaboration de la politique d’immigration, d’asile et d’éducation car ils sont les premiers concernés.
  • Garantir les droits de l’exilé indépendamment de sa situation administrative, ainsi qu’un accès véritable et réel à l’enseignement supérieur, et limiter les abus commis dans certaines situations administratives.
  • Abolir toutes les législations qui empêchent certaines catégories d’exilés de travailler afin qu’ils puissent étudier dans les domaines qui nécessitent un permis de travail.
  • Accorder un titre de séjour étudiant à l’exilé qui suit ses études dans l’un des établissements d’enseignement supérieur après que sa demande d’asile ait été rejetée.

 

III. Les conditions de la vie :

La précarité un obstacle fondamental à l’intégration des exilés dans le système d’enseignement supérieur et à la continuité de leurs parcours académique. Les responsables doivent prendre des mesures pour améliorer la situation de vie des exilés quel que soit leur statut administratif soit : prendre soin de leur état de santé physique et psychologique, leur offrir un logement convenable, digne et permanant, et leur garantir un accès réel et efficace.

C’est pourquoi nous demandons :

  • Un accès de tous les exilés, indépendamment de leur situation administrative, à des bourses d’études.
  • Un accès à un logement sûr, confortable et durable tout au long des années d’étude à un prix abordable pour les étudiants exilés afin de leur garantir une sécurité sanitaire, mentale et psychologique. Cela peut être fait grâce à un partenariat entre le gouvernement, les travailleurs sociaux, les entreprises privées et les bailleurs sociaux afin que les exilés puissent se concentrer sur leurs études.
  • La mise en place de programmes spécifiques de santé mentale, psychologique et sexuelle gratuits dans les centres de logement pour les étudiants et les établissements d’enseignement. Ces programmes doivent être disponibles dans les langues maternelles de l’exilé.
  • Les mêmes droits que les étudiants français pour tous les étudiants exilés, quel que soit leur statut d’administratif.

                                                                    Union des étudiants exilés

                                                                        France 24/01/2020

Pour télécharger les recommandations en PDF c’est ici Recommandations de l’UEE