Femmes exilées et études : Besoins et recommandations
Écrit par : Samaher AL-HADHERI
Contribution : Naïs BOURBON
L’UEE a récemment entrepris une évaluation approfondie des besoins des femmes exilées, avec pour objectif de réfléchir à des solutions adaptées pour faciliter leur intégration dans l’enseignement supérieur. Cette initiative revêt une importance particulière parce que nous avons observé que le nombre de femmes qui sollicitent les services d’accompagnement de l’UEE est moindre par rapport aux hommes. L’évaluation a pu voir le jour grâce au soutien du Fonds L’Oréal pour les Femmes, à qui nous exprimons notre profonde gratitude pour leur contribution précieuse.
L’évaluation a été réalisée à l’aide d’un questionnaire structuré, comprenant des questions ouvertes et fermées, pour recueillir des données quantitatives sur divers aspects tels que les caractéristiques démographiques, les niveaux d’éducation, les défis rencontrés et les aspirations éducatives. Cependant, malgré une cartographie élaborée pour contacter des résidences et hébergements temporaires où des femmes exilées seraient susceptible de vivre, nous avons rencontré des difficultés dans l’obtention de réponses. Une nouvelle approche a été adoptée en sollicitant le soutien d’associations partenaires pour recommander vingt femmes, aboutissant à cent entretiens en vue de leur intégration.
Les résultats des évaluations réalisées avec 27 femmes, dont une a déjà réussi à obtenir une admission à l’Université Paris 8, ont été cruciaux pour comprendre leurs situations initiales, les défis rencontrés et les obstacles à surmonter. L’échantillon regroupe des femmes de 14 nationalités différentes, qui ont majoritairement plus de 30 ans et dont plus de deux tiers ont au moins un enfant. Cela a conduit à l’identification précise des besoins des femmes exilées pour accéder aux études supérieures ou à des formations courtes.
Face à certains défis liés au nombre d’entretiens réalisés, une adaptation des objectifs a été nécessaire. Désormais, 25 entretiens seront menés tous les deux mois, avec une orientation vers des programmes universitaires ou des formations courtes en fonction des besoins spécifiques de chaque femme.
Recommandations pour l’Éducation et l’Emploi des Femmes Exilées
L’analyse des résultats met en lumière les défis complexes auxquels font face les femmes en exil, allant des barrières linguistiques aux problèmes de santé et aux procédures administratives complexes. En effet, la totalité des répondantes ont exprimés l’envie d’accéder à l’enseignement supérieur ou à des formations courtes. Face à ces difficultés, 88% des femmes interrogées ont l’intention de suivre des formations de soutien à l’inscription à l’université et 92% des formations de soutien à la recherche à l’emploi.
Afin de favoriser leur intégration, les recommandations suivantes sont proposées :
- Renforcement des compétences linguistiques : Proposer des programmes avancés au-delà du niveau B1 pour surmonter les barrières linguistiques, étant citées par les interrogées comme étant les obstacles les plus importants.
- Initiatives de soutien global : Introduire des programmes de prise en charge globale pour guider les femmes dans les candidatures universitaires, les demandes de bourses et l’orientation professionnelle.
- Promotion du bien-être : Prioriser le soutien médical et psychologique pour contribuer au bien-être physique et mental qui participe en partie à la réussite et l’accomplissement des études.
- L’accompagnement professionnel : Mettre en place un programme pour aider les femmes à accéder à des opportunités professionnelles et finalement à autonomie financière.
- Des programmes de mentorat : Mettre en place des programmes pour guider les femmes dans leur parcours académique et professionnel.
- Des formations spécifiques : Mettre en place des formations avec le but de renforcer la confiance et les compétences des femmes.
Vers un Avenir Inclusif
Malgré la diversité de nationalités, de statuts administratifs et de situations socio-économiques, une tendance émerge : le fort désir des femmes exilées d’accéder à l’éducation supérieure et à des formations de courte durée. Leurs aspirations à s’engager dans des métiers des soins, malgré les défis, soulignent l’importance de les soutenir dans ces domaines cruciaux.
Dans le cadre de nos recommandations, l’UEE s’est engagée à mettre en place des programmes de formation et de soutien pour les femmes en exil en France, afin de faciliter leur accès à l’enseignement supérieur et aux opportunités professionnelles. En investissant dans ces femmes courageuses, la France peut renforcer son capital humain et répondre aux défis démographiques à venir.