Portraits de femmes exilées étudiantes en France: le parcours de Rojda, femme artiste engagée auprès des jeunes

ROJDA

Peux-tu nous raconter un peu ton parcours jusqu’à ton arrivée en France ? 

Je viens de Syrie, je suis ensuite partie seule en Turquie où j’ai étudié pendant deux ans le cinéma avant de travailler dans ce domaine pendant un temps. Je suis venue en France en 2019 parce que ce pays était pour moi un des pays spécialistes du cinéma et parce que j’ai eu l’opportunité d’obtenir une bourse dans le cadre d’un partenariat entre une association et la mairie de Paris qui me permettait de venir étudier ici. Je savais qu’en Syrie et en Turquie la situation n’était pas stable et qu’il n’y avait pas d’avenir pour moi. J’ai d’abord étudié le français pendant un an dans un centre de FLE car je ne maîtrisais pas du tout la langue puis je me suis inscrite en première année de licence de cinéma et audiovisuel à l’université Paris 3.  

Comment s’est passée ta reprise d’études ici ? As-tu rencontré des difficultés particulières ? 

La première année était difficile car c’était pendant la crise sanitaire donc tous les cours étaient en distanciel, ce n’était pas de bonnes conditions pour apprendre une langue. Tout le monde m’a quand même encouragé à reprendre mes études et à candidater en licence mais c’était toujours très difficile notamment pour prendre la parole en cours. La barrière de la langue était trop importante donc j’ai redoublé ma première année puis j’ai finalement décidé d’arrêter les cours cette année pour avoir des expériences plus pratiques que théoriques et pour bien m’améliorer en français avant de reprendre les études. 

Quels sont tes projets futurs ? 

J’ai vécu beaucoup de chose pendant cette période donc j’ai écrit des scénarios sur les jeunes qui sont venus tout seuls en France que j’ai pu rencontrer et ainsi j’aimerais lancer un court-métrage avant l’été.  

Aurais-tu des conseils à donner aux autres étudiant.e.s exilé.e.s ? 

J’ai deux conseils principaux : le premier, c’est de maîtriser la langue car c’est la clé pour réussir ici et reprendre ses études. La seconde chose, c’est de se préparer à la différence culturelle.  

Que représente la journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars pour toi ? 

En Syrie, les femmes ont des limites pour réussir, on ne les encourage pas, que ce soit à cause de la religion ou des fausses interprétations de celle-ci. C’est vrai qu’il y avait la guerre mais cela nous a montré qu’il existait un autre chemin pour réussir, surtout dans les pays occidentaux où les femmes ont plus de droits.