L’influence persistante de l’extrême droite sur les politiques migratoires

 

Rudi OSMAN

L’extrême droite, souvent associée à des idéologies populistes, xénophobes, antimusulmanes, a connu une montée en puissance ces dernières années à travers le monde. Bien que cette tendance en France ne se soit pas traduite par une victoire politique significative, l’influence de l’extrême droite sur les politiques migratoires est devenue de plus en plus apparente. Les débats, les lois et les politiques liées à la migration reflètent souvent une vision restrictive et hostile envers les exilés, même en France où l’extrême droite ne détient pas le pouvoir. Cet article explore l’impact de l’idéologie de l’extrême droite sur les lois d’immigration et l’asile, malgré l’absence de victoires électorales majeures.

L’influence de l’extrême droite :

L’extrême droite, par le biais de discours populistes et de stratégies de polarisation, a réussi à façonner les débats politiques et à influencer l’opinion publique sur les questions migratoires. Son discours sur les problèmes économiques, la sécurité nationale et la préservation de l’identité culturelle a trouvé un écho auprès d’une partie de la population. Les partis politiques traditionnels ont souvent adopté des positions plus fermes sur l’immigration pour tenter de récupérer les électeurs séduits par les idées de l’extrême droite. Cette évolution a conduit à des politiques migratoires plus restrictives et à une focalisation accrue sur la sécurisation des frontières.

En France, par exemple, les prises de position du Rassemblement National sur l’immigration, jugées radicales par certains, ont exercé une influence sur le débat politique national. Pour faire face à cette concurrence électorale et pour récupérer les électeurs séduits par les idées de l’extrême droite, les partis politiques traditionnels ont adopté des positions plus restrictives sur l’immigration.

Des lois restrictives :

Malgré l’absence de victoires électorales majeures de l’extrême droite, ses idées ont été intégrées dans les lois et les politiques migratoires de nombreux pays. En France, des mesures telles que la criminalisation de l’entrée irrégulière, la réduction des droits des demandeurs d’asile, l’expulsion accélérée des migrants et les restrictions sur le regroupement familial sont devenues courantes. Ces politiques reflètent une volonté de dissuader et de restreindre l’immigration, alimentée par des discours et des stéréotypes négatifs sur les exilés.

Le Parti socialiste français, autrefois plus ouvert sur la question migratoire, a durci ses positions au fil du temps. On peut prendre pour exemple la loi du 7 mars 2016, dite “loi Asile et Immigration”, qui a été critiquée par les défenseurs des droits des migrants et des réfugiés. Cette loi a été perçue comme une réponse aux préoccupations exprimées par une partie de la population sensible aux discours de l’extrême droite.

Un autre exemple est celui des projets et des propositions pour une nouvelle loi sur l’asile et  l’immigration en France 2023 soit par le gouvernement actuel soit par le parti Les Républicains. Ces propositions de loi ont été critiquées pour avoir réduit les droits des demandeurs d’asile et pour avoir facilité l’expulsion des migrants. Les propositions ont également introduit des mesures pour accélérer et pour faciliter l’expulsion des exilés déboutés.

Ces exemples illustrent comment l’influence de l’extrême droite a conduit à un glissement vers des politiques migratoires plus restrictives. Les partis traditionnels ont cherché à récupérer les électeurs séduits par les idées populistes en adoptant des discours et des mesures plus fermes sur l’immigration, mettant ainsi en avant la sécurisation des frontières et la préservation de l’identité culturelle nationale.

Conséquences pour les migrants :

Les conséquences de ces politiques migratoires restrictives sont souvent préjudiciables pour les migrants. Les demandeurs d’asile se voient refuser l’accès à une procédure d’asile équitable, priver d’un accès aux soins,  tandis que les personnes en situation irrégulière sont davantage criminalisées et risquent l’expulsion sans possibilité de recours adéquats. Les restrictions sur le regroupement familial séparent souvent les familles et créent de la détresse émotionnelle. En conséquence, de nombreux migrants se retrouvent dans des situations précaires et vulnérables, sans accès aux droits fondamentaux.

Les voies vers une approche plus équilibrée :

Il est essentiel de reconnaître les dangers d’une approche migratoire influencée par l’extrême droite. Une politique fondée sur la peur et la discrimination ne résout pas les problèmes liés à la migration, mais contribue plutôt à l’aggravation des divisions sociales et à la détérioration des droits humains. Une approche plus équilibrée et respectueuse des droits de l’homme est nécessaire. Cela implique de trouver des solutions à la crise d’accueil et de promouvoir des politiques qui reconnaissent les avantages économiques et culturels de la diversité.

Bien que l’extrême droite n’ait pas remporté de victoires électorales majeures, son influence se fait sentir dans les politiques migratoires actuelles surtout dans le projet de la loi sur la migration et l’asile de 2023. Les projets de loi restrictifs et les discours hostiles envers les exilés reflètent souvent les idées propagées par l’extrême droite. Il est crucial de remettre en question cette approche et de promouvoir des politiques migratoires basées sur l’empathie, les droits de l’homme et la reconnaissance de la valeur que les exilés apportent aux sociétés d’accueil. L’avenir réside dans une approche plus équilibrée qui s’attaque aux causes profondes de la migration et favorise l’inclusion plutôt que l’exclusion.